Bon , j'étais partie pour illustrer un magnifique poème , qui est une prière . Mais comment illustrer l'indicible ? Je ressentais , en tout cas ,  l'ambiance du poème comme nocturne … cette chouette est apparue sur le papier ; mon amie Renée d'Avignon , qui ,  même mal voyante comme elle est devenue , s'intéresse encore beaucoup à toute peinture  en général et aux miennes en particulier puisqu'elle m'est , à tort ou à raison ,  reconnaissante de l'avoir entraînée à faire de la gravure autrefois … Renée , donc , quand je lui ai parlé de la chouette , s'est exclamée  " mais c'est bruyant , une chouette ! "  Vouais . Mais  je n'en ai vu  qu'une fois ; je marchais sur un chemin ,  dans un bois , au crépuscule ; une chouette m'a survolée , dans un silence absolu et merveilleux . Un moment magique …

       Bref , y'a une chouette dans cette peinture …

      Or , ce poème a été écrit par ce gars qui est pasteur . Donc , son inspiration est certainement , absolument , forcément ,  chrétienne … Ma peinture , même si j'arrive à l'achever ce dont je doute parce que je rame dessus depuis trois jours , ma peinture ne l'est pas , c'est le moins qu'on puisse dire , et en plus , la chouette , de loin ,ressemble à une Matriochka . Pas à une Sainte-Vierge , j'espère .  Je vais tout de même pas dessiner Durga sur son tigre … En tout cas , je m'y sens tout à fait en harmonie avec mes convictions , qui sont du genre New Age un peu brouillon , comme la peinture  . Bah !

             Depuis que j'ai commencé la formation de " Rêve de Lumière " , j'ai fait plusieurs rêves éveillés  , accompagnés par la formatrice ou par une collègue . A mon grand étonnement , se sont présentés dans ces rêves , non seulement des souvenirs d'enfance , mais également des scènes , parfois violentes ; des scènes où " je " mourais . " Je " ? Oui , mais qui ? Ce " je " a été , dans un premier rêve  , un jeune paysan , au moyen âge , dans un obscur village d' Angleterre ; le village est détruit  par une horde de pillards , le jeune homme se réfugie dans la forêt et meurt de ses blessures  . Dans un deuxième rêve , il y a quelques jours , ce   " Je " était un homme mur , écuyer d'un jeune chevalier , qui meurt un peu avant lui sur le champ de bataille  ; un vrai rustre , celui-là , un combattant formé à la guerre  , antipathique comme pas possible - méprisant les femmes et presque tout le monde ; n'aimant personne , hors son jeune chevalier ; qu'il aurait du protéger .  Cet homme est mort à terre , baignant dans son sang ;  le cœur transpercé par un genre de lance , et avec  une amertume terrible ,  l'impression d'avoir mené une vie absolument inutile , et la terrible culpabilité d'avoir trahi son seigneur qu'il n'a pas su protèger  . La scène ressemblait un peu à une des batailles de San Romano , de Paolo Uccello ; plutôt , d'ailleurs ,  celle qui est aux Offices  à Florence … un tableau que je viens de revoir grâce à ce lien , et j'en ai encore la chair de poule .

https://artsandculture.google.com/asset/battle-of-san-romano/AgHjxaFG-uNvYg?hl=fr&ms=%7B%22x%22%3A0.5%2C%22y%22%3A0.5%2C%22z%22%3A10%2C%22size%22%3A%7B%22width%22%3A0.9374384236453201%2C%22height%22%3A0.7147030189056051%7D%7D

           Bon ! C'est un peu bizarre d'émerger de ce genre de  rêves , surtout parce qu'ils ont l'air tellement réels  ( et , non , je ne prends aucun champignon ,  aucune tisane bizarre avant la séance !  … je m'en tiens , comme d'hab ,  au café le matin ,  à la menthe du jardin l'après-midi ! ) .  Heureusement ,  la  structure pour accompagner le " rêve lumière"  est solide , bien étudiée , et permet , surtout , de retrouver ces histoires pour en faire quelque chose d'absolument positif et constructif dans la vie présente . ( je ne vois pas l'intérêt , autrement , de naviguer là dedans ) .  Donc , tout va bien .  

           Mais tout de même : tu ne vas pas croire aux vies antérieures ! ( et pourquoi pas ? ) C'est des rêves , des fantasmes ? ( et pourquoi pas ? ) …. restons freudiens , que diantre ,  voilà , au moins , une valeur sûre !  Mais  je vais vous dire , ce qui est le plus drôle ,c'est que ces rêves sont accompagnés de sensations extrêmement vives : douleurs sur la tête , ou au cœur , images précises , visuelles , olfactives ( miséricorde ,  la dernière fois , cette odeur terrible du sang répandu , qui me suffoquait … ) , tactiles  ( la chair de poule à certains moments … )          

              Alors …  " je " - c'est à dire cette Françoise qui écrit présentement -  suis peut-être douée d'une imagination fertile ,  qui accompagne les fantasmes de sensations sensorielles diverses  . Tous ces personnages  ne seraient que des fantasmes ? Ou alors , ils auraient existés " réellement " ? Qu'en sais-je ? Et que sais-je de la " réalité " ? En tout cas , voilà des parties de " moi " qui avaient terriblement besoin de s'exprimer .  J'en suis à trois personnages  -   le tout premier  ,  qui avait émergé  il y a trente ans , était une femme , et elle est revenue une fois   ;  le deuxième  , ce jeune paysan  . Ces deux là , je vois bien que j'ai certains de leurs traits de caractère , de leurs intérêts . Par contre ,  pour le dernier ,  je ne vois rien , dans ma vie présente paisible ,  qui se rattache à ce personnage là  . Tout de même ,  drôle de truc ...  un peu vertigineux …

                Je suis entrée dans chaque rêve à partir d'une intention , réfléchie , concernant ma vie présente et la façon que j'ai de la vivre . Cette intention , que l'accompagnant aide à clarifier , est énoncée auparavant en une phrase simple . Pour le moment , je ne sais pas si la plongée sera suivie de l'effet recherché , il est trop tôt pour en parler  . Par contre , il y a  un autre effet , très inattendu  , que je dois constater : c'est la troisième " mort " , ou le troisième " fantasme de mort " que je traverse - l'impression très enracinée d'avoir  vécu toutes ces vies …  Alors , j'ai  beaucoup moins d'appréhension du futur moment de "ma " mort , et un toute petit peu plus de détachement qui s'installe petit à petit  . Et puis , dans celle-ci , de vie , je n'ai pas envie de revivre les mêmes aléas , de refaire autant de conneries que dans les précédentes …   

Thought for the day

Do not forget that you live and move in a world which is really a passing show. Do not be attached to it, nor be in any way identified with it. Take the whole world-game for what it is worth. Swami Ramdas

            Depuis qu'on m'a confié ce projet d'illustration  , je m'y suis attelée , comme toujours , avec acharnement . Mes différents projets pour le poème numéro 8 , qui me parle beaucoup  et parle de la mort ,   à partir de mes croquis et de photos des tombes creusées dans le rocher , à l'abbaye de Saint-Roman , étaient du genre très noirs et sombres .

           Petit à petit  , le blanc y prenait un peu  plus  de place .     

         J'ai laissé tout ça maturer , le temps d'une balade : deux jours en Haute-Savoie , tout d'abord . Je constate que j'y suis encore tentée ,  tourmentée , par  le fantôme  d'une maison   ; ça me rend mélancolique . J'aurais deux  ou trois cent mille euros sous la main , j'achèterais certainement une maison là bas , tant il y en a qui ressemblent à ma maison d'enfance ( les maisons sont devenues chères , il y a la concurrence terrible des frontaliers et des suisses ) . Heureusement , pour Philippe ,  que je n'ai pas les sous !!!

      Pour me consoler ( autrement qu'en reprenant une quatrième tartine de reblochon et/ou  de tome d'Abondance afin d' accompagner le vin de Savoie ) on est retournés chez nous en deux jours aussi , passant par l'Ardèche … la fraîcheur , les vastes prairies en pente douce , les hautes sapinières , les petites rivières toutes vives  qui glougloutent et scintillent …

     Ce Lundi matin , reprenant le travail sur le poème , le blanc et la lumière prennent toute la feuille  ; et je commence , enfin ! enfin ! à être contente de mon oeuvre   !

              Hier matin , j'ai aperçu dans les gauras une splendide chenille . Très longue , blanche et grise .  Les gauras sont un peu épars,  au milieu des lavandes blanches ( mes préférées , les blanches . Je m'en suis commandé encore trois pieds à la pépinière de Saint-Jean , c'est bientôt mon anniversaire … )  Et  la chenille ressemblait un peu aux fleurs de lavande . Du mimétisme ?

          En tout cas , je ne me suis pas affolée , comme la dernière fois que j'avais trouvé une chenille de Grand Paon de Nuit * … j'ai été regarder sur la Toile , et j'ai vu que c'était une chenille du Sphinx des liserons . Il y avait , dans l'article , une description également du papillon … Or , en redescendant avec l'appareil photo , je vois quelque chose s'agiter dans l'herbe , là où c'est tondu  : justement , ce papillon là … Génial ! Mais je ne comprenais pas pourquoi il ne s'envolait pas : il avait l'air de marcher , à pas minuscules , dans l'herbe encore mouillée de rosée . Un peu plus tard , il n'avait avancé que de quelques centimètres . Je ne savais pas s'il venait d'éclore et était encore maladroit , ou , au contraire , s'il était en train de quitter ce monde … A tout hasard , je lui ai fait de l'ombre ,  avec deux chaises de jardin - le soleil tapait dur dans la matinée , et c'est un nocturne - puis j'ai envoyé un mail au gars qui avait fait la fiche sur internet . ( qui est également l'auteur d'une chouette vidéo sur ce papillon … ) Il m'a gentiment répondu ! un peu plus tard , disant que j'avais bien fait de le mettre à l'ombre … et que j'aurais même pu le prendre dans ma main pour le remettre dans la haie ( je n'avais pas osé , pour ne pas blesser les ailes ) .

        Bon , le papillon était au même endroit le soir , et tout immobile … je l'ai pris , tout léger , l'ai déposé sous un rosier . Il était en fin de vie …

          Mais c'était la journée du Petit Peuple , hier . Dans l'après-midi , je partais voir une copine , mon bouquet de  camomilles et roses du jardin  à la main  ; tout à coup ,  j'ai remarqué un truc qui s'agitait sur les fleurs de camomilles  . C'était … une mante religieuse ; indignée ; qui m'a annoncé qu'elle n'avait absolument pas l'intention de faire partie du bouquet … C'est colérique les mantes . Je me suis excusée , l'ai déplacée sur les fleurs de plumbago , dans la grande jarre au coin de l'entrée .  Et j''étais contente ,  parce que je n'en vois qu'à l 'automne , des mantes religieuses ,  normalement  . Ensuite , au moment où je m'installais devant le volant de la voiture ,une libellule énorme , bleu turquoise , mais pas une demoiselle , une grosse … , a filé comme une flèche juste devant le pare-brise … Elles aussi , je les vois plus tard ,  en août , d'habitude . Je ne sais si ces rencontres ont été favorisées par la météo , ou par le fait de n'avoir tondu l'herbe que sur une partie du pré ( ce que Dominique le jardinier désapprouve , visiblement ) . En tout cas , c'est chouette …

            * c'est marrant , je pensais vous avoir raconté , dans ce blog , la fois où  j'avais trouvé la chenille du Grand Paon de Nuit , sur le talus près du figuier … je ne trouve pas la référence , et  j'ai pas le temps  d'écrire maintenant ; mais ce soir …

            Hier soir , il y en avait deux ,  en train de boire le nectar sur les pieds d'alouette . Je leur ai demandé de bien vouloir poser  pour moi , ils se sont prêté au jeu de bonne grâce , faisant du sur-place devant chaque fleur -  mais , bien sur , leurs ailes ne s'arrêtent jamais de battre à toute vitesse . Et j'avais mal réglé l'appareil photo … Ce matin , j'avais bien réglé , mais … plus de sphinx colibris . Je me contente donc ,  pour l'instant ,  de ces images plus que fugitives … et je me demande : dans leur vie , est-ce qu'ils dorment ?