Depuis hier matin , je m'occupe des iris qui étaient plantés contre la maison ( avec vue sur le soleil levant ) .  Une bonne quantité d'entre eux n'avaient pas fleuri au printemps dernier - forcément , les pauvres bicous , à force de pousser dans tous les sens ils se marchaient sur les pieds les uns des autres et manquaient de vitamines .. Donc , deux mètres carrés à peine d'iris à nettoyer , mettre du terreau au fumier de cheval , et replanter .. tout petit travail de jardinage .  Ben , c'est plus vite dit que fait . D'abord ,  à la fourche-bêche naturellement ,  enlever les rhizomes sans les casser , les démêler délicatement , couper les feuilles fanées , ensuite  , continuer à la fourche-bêche pour enlever toutes  les racines de chiendent ( bien sur , l'en reste toujours , c'est çà le jeu ! ) , se rendre compte alors avec horreur qu'il y a , en plus des racines de chiendent , d'autres racines , énormes , celles-là poussées par le mûrier d'Espagne qui s'épanouit à quinze mètres de là ( ces muriers font une ombre bien agréable par ce temps ; mais ils ont un but dans la vie , c'est de créer un bosquet entier de muriers ... en envoyant des repousses aussi loin qu'il le faut pour trouver un terrain  favorable .)  Ben , c'est moi qui décide ... donc , j'ai arraché ces racines - pas entièrement , car je me suis aperçue qu'elles passaient sous les rosiers grimpants  et j'ai peur d'abîmer ces rosiers en bêchant trop près ... Si bien qu'à midi , j'étais encore en train de ahaner et de souffler en plein cagnard puisque le soleil avait tourné . Ouf ! Tout ça pour deux mètres carrés de plate-bande même pas dure ... En outre , le propre des iris est de croître et multiplier , eux aussi .. Si bien que le soir ,  une fois la plate-bande amendée , enrichie , plusieurs pieds d'iris replantés , j'avais encore une bonne caisse de ces iris - bleus ciel léger dessus , bleu indigo dessous , je les adore ... et ne savais où les mettre .

       Bon ! Ce matin , rebelote !  J'ai trouvé un endroit propice ; re-bêchage , re-extirpage des racines de chiendent , re-versage de terreau , re- plantage ... Encore deux mètres carrés bien nettoyés , qui vont être splendides au printemps .

        Pour me récompenser , un tour au potager ; les dahlias et les zinnias sont glorieux , pleins de papillons et d'abeilles .. En cherchant Samedi dernier sur internet un prédateur des punaises des bois ( Conclusion : y'en a pas . Sauf un genre de mouche au corps jaune , mais il n'y en a visiblement pas au jardin de ce  genre de mouches et en plus déjà que Philippe ne supporte pas les mouches ordinaires , je vais pas introduire des mouches extraordinaires en plus ... ) , je suis tombée sur le blog d'une nana passionnée par les insectes ; j'ai appris avec émerveillement que ce que je prenais pour des petits bourdons , souvent endormis sur une fleur de dahlia quand je vais regarder tôt le matin , étaient des abeilles solitaires . Ca m'a bien plu , ça , abeille solitaire ... moi qui déteste jardiner à plus de moi toute seule ! Sur la photo on voit une abeille charpentière ( en haut  à droite , la grossse noire qui fait peur ! ) et une abeille solitaire l'espèce de machin jaune pelucheux ;  on ne distingue pas trop , faut aller sur Google si vous voulez des vrais bonnes photos , ou sur le blog de cette fille http://lejardindelucie.blogspot.fr/      ... En tout cas , l'abeille solitaire est mignonne comme tout , comme les bourdons , un genre de peluche à ailes toute petite  !

              Les pitchounets sont partis hier matin ... avec grand regret de quitter Hermione ;  je sens  qu'Hermione , qui aime avoir toute la famille rassemblée , les a regretté un peu aussi , pour quelques heures ... . En fait , c'est elle la vraie mamie affectueuse , que les gamins ont envie de prendre dans leurs bras et qui le leur rend bien . Les rôles sont partagés : je lui délègue les câlins , je lui délègue le jeu ... Pour se consoler hier , pendant qu' installée confortablement dans la fraîche chambre d'amis ,  je continuais à lire  " Le Soldat Chamane " de Robin Hobbs avec délices ( j'en suis au tome 4 ***)  elle a discrètement chipé une de mes espadrilles - lavée de frais , pourtant , sèchée puis  rangée  . Hier soir , quand j'ai voulu chausser mes pieds , également lavés de frais et pommadés à cause des crevasses estivales ,  impossible de trouver l'espadrille en question . Bon .  Ce matin , depuis la salle de bains du haut , je vois un tas de terre inhabituel , juste entre les rosiers . Mais alors - qu'est-ce qui m'a pris , nom d'une pipe ,  de demander à Philippe s'il pouvait regarder si mon espadrille avait , comme je m'en doutais , trouvé là une sépulture provisoire ? Je sais bien ,  je venais de me doucher habiller mettre ma robe propre pour sortir , j'avais pas envie de me remettre pieds et mains dans la terre - et  il me semblait qu'avec une binette à long manche , c'était sans difficulté aucune  de regarder ce qu'il y avait sous le tas ... mais le Philippe est arrivé avec deux grattoirs à manche court , les moins pratiques pour l'usage demandé ;  il a refusé avec agacement quand je lui ai suggéré de prendre la binette ; il a victorieusement  retiré l'espadrille , puis   , comme il fallait s'y attendre , s'est accroché en jurant à un rosier ,  en reculant d'un pas a précisément écrasé le glaïeul qui avait réussi à résister à la sécheresse , puis a proclamé avec énergie que c'était de ma faute parce que j'avais fait un geste inconsidéré pour éviter qu'il n'écrase ce malheureux glaïeul .

      En ronchonnant , je suis remontée ranger la cuisine du haut ; je me suis rendu compte alors qu'on avait laissé le plat de tomates  de la veille sur le dessus de la cuisinière ; Baptiste , qui a l'habitude de trouver son bol de lait en hauteur , s'était , logiquement , servi . Remarque , il avait fait ça avec beaucoup de distinction , mangeant la farce uniquement et laissant la tomate entamée bien proprette avec son petit vide au centre ( bien entendu , comme pour Hermione et l'espadrille , je n'ai pas pu le prendre sur le fait , c'est uniquement par déduction que je suppose que Baptiste est le coupable , parce qu'Hermione aurait liquidé tout le plat et que Noisette , trop difficile ,  ne mange pas de ça .  )

           Moi qui râle contre les carnivores ...  j'avais donc , hier en faisant l'inventaire du frigo , trouvé quatre chipolatas qui ne sentaient pas trop bon ; j'avais mélangé l'intérieur avec des tas de gousses d'ail , d'oignon et de sauge , pour faire des tomates farcies que Philippe apprécierait à son retour tardif de Nîmes . En fait , une fois cuit ,  ça sentait fort bon :  tellement bon que j'en ai mangé . Elles étaient :  délicieuses .

        Manger de la viande , donc  ...  dire que j' écoute chaque matin , comme je respirerais une bouffée d' air salubre , comme j'enfoncerais mes racines dans la bonne terre convenable , enfin !  des mantras védiques  , notamment celui à Ganesh  - chanté par des brahmanes qui sont , bien sur , strictement végétariens .

       Comment concilier ?

       Justement :  j'ai pensé aux chamanes .

       Il me semble - et c'est , bien sur , en partie un tour de passe passe du mental  à cause de mon incapacité présente à adopter un régime totalement végétarien  malgré la violence ainsi faite à un animal et la souffrance qu'elle crée  - il me semble , donc , que ce qui peut faire un  lien , c'est le respect .  La gratitude pour le porc , ou le poisson , qui ont donné leur chair .  Remercier à chaque bouchée ,s'excuser de ne pas arriver à contrôler ma gourmandise pour le moment ( mais j'ai fait des progrès , pourtant ) , remercier l'animal vivant d'avoir sacrifié son précieux  corps - et surtout , que ça ne devienne pas un automatisme , manger en pensant à ce qu'on mange , et puis se souvenir que c'est complétement différent de manger de la viande une fois par mois et d'en manger tous les jours ...  

*** l'univers de Robin Hobb est fantastique , sensible , intelligent ,  incroyablement riche en symboles et en épisodes non répétitifs , et , comme le dit la 4e de couverture , extrêmement cohérent ... Ce qui me plait en particulier dans cette série du Soldat Chamane , c'est le déchirement de ce héros entre son côté " civilisé " et son côté " chamane " . Je ne me sens pas chamane , mais concernant le déchirement entre deux modes de vie totalement disparates , je connais et je me reconnais ...

           Depuis quelques jours  les succulentes tomates du potager sont attaquées par les punaises des bois ( Renée , tu avais le même problème il y a quelque temps  , je ne sais comment tu l'as résolu ? ). Des punaises d'un vert délicat , les plus courantes  , qui s'épanouissent par cette chaleur dans mon jardin - qu'elles considèrent , tout comme moi , comme un coin de paradis ; et aussi quelques petitounes , noires à pois clairs , semble-t'il ( je ne mets pas de lunettes quand je suis au jardin ) . Les tomates pourrissent à toute vitesse ; et ensuite , plus question de les manger ... En proie à un douloureux conflit entre  gourmandise et  éthique , j'adopte , pas très fière ,  la solution du massacre ... Je les attrape à la main et je les jette par terre pour les écraser *** . Pas très râgoutant ; pas très sympa pour ces pauvres bestioles . Je les tue , et en plus , j'ai des remords .. les faire passer de vie à trépas , ça prend quelques instants pour moi ; mais la notion du temps est subjective , on le sait ; dans le temps vécu par une punaise , est-ce que c'est une lente agonie douloureuse ? Les jains mettent , parait-il , un voile devant leur visage pour ne pas détruire involontairement de moucherons  ; je tue des moustiques sans états d'âme , d'un coup vengeur  . Mais là ... elles ne piquent même pas pour se défendre ...  comment puis-je continuer à  éliminer ces animaux innocents , d'une part , et chanter chaque matin " OM , Shanti , Shanti , Shantih " ? Comment ils font les cultivateurs dans les jardins d'ashram ? Ben , les gens qui sont vraiment sur un chemin spirituel , pas comme moi qui suis touriste , ils se passent de tomates , je suppose . Ou ils en achètent . En tout cas , ça me met mal à l'aise .

      Dieu merci , leurs consoeurs aux longues antennes , couleur d'écorce brune et mate ,  qui se baladent sur les framboisiers , ne semblent pas  abîmer les fruits ;   le goût des framboises jaunes est toujours aussi délicieux . Je peux  , la conscience en paix , me contenter de secouer les insectes importuns ...  

     *** après avoir écrit le début de cet article , je suis allée voir dans les forums sur internet les solutions proposées ...  Beaucoup de conneries , mais pas uniquement . Je ne voulais mettre aucun insecticide , même pas bio ; encore moins de la bouillie bordelaise , comme le proposent certains jardiniers qui ne doivent pas souvent manger leurs tomates en salade .. ( ouais ,  les traces de cuivre , ça fait surement des oligo éléments ) . Mes tomates poussent les pieds dans de luxuriantes touffes d' oeillets d'Inde ,  c'est pas ça qui éloigne les punaises non plus . Je viens d'essayer en dernier recours  : un goûteux mélange tisane de menthe et décoction d'ail , en pulvérisation ... ce matin . Affaire à suivre !

          Je viens de tomber sur une version chantée , et qui m'enchante , du poème Bhaja Govindam , dont il faudra bien que je vous mette une traduction complète un de ces jours , apparemment je n'ai mis que des citations partielles  http://www.petites-peintures.com/article-chapitre-1775-les-vrilles-de-la-vigne-124921727.html ... Je l'avais déjà travaillé seule , j'ai eu le bonheur d'y travailler davantage avec Dîpa en Juillet .  Shankara nous rappelle que la seule solution est de nous tourner vers la Source , vers l'Essentiel . C'est quoi l'Essentiel ? Ben .. Je suis qui moi qui écris  ? Qui lit ce texte ? Qui voit par nos yeux ? Qui entend par nos oreilles ?

    Allez , on rigole un peu ( à défaut de pleurer .. ) En ouvrant la session internet ,  je lis  que ce bon vieux Sarkozy    vient de " demander une loi " proclamant l'interdiction du Burkini et du voile sur tout le territoire français " . A Chateaurenard , à trois pas d'ici de l'autre côté du Rhône ... misère de misère de misère  ...

                   ... mais ça m'a fait du bien de les peindre , surtout la première qui s'intitule , en fait , " ma peur de la mort " , une peur qui m'a visitée pendant plusieurs heures  cette nuit , accompagnée d'une douleur intense en haut de la colonne vertébrale ( ce qui peut signifier , soit que j'ai nagé dans l'eau trop froide , soit que quelqu'un m'a donné un coup de lance fatal dans une vie antérieure , génial on peut choisir ... ) .  Après m'en être délivrée , j'ai pu faire la deuxième ... . Je voulais que le personnage qui flotte fasse penser à l'Infante Marguerite de Velazquez , mais c'est trop petit . Bon , l'est grand temps que je me remette à arracher les iris , qui ont tellement poussé les dernières années que beaucoup n'ont pas fleuri . Je n'en ai que trois mètres carrés à déraciner , mais ça prend un temps pas possible ... Ceci dit , quel bonheur de jardiner  !